Iwasako Hiroshi

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Adoption et enfance

Si une personne pouvait remonter ses souvenirs jusqu'à l'âge du berceau, alors Hiroshi se souviendrait d'une plage reculée, presque cachée, une petite crique difficile d'accès où, bébé de deux mois à peine serré dans ses langes, il pleurait à fendre le coeur de pierre le plus dur. Déposé là par sa mère, une paysanne Japonaise, tombée enceinte par accident après une aventure avec un marin Hollandais, qui n'avait ni les moyens ni le droit de le garder, déshonorée auprès des siens. Il serait sans doute mort, si ses pleurs n'avaient pas attiré l'attention sur lui. Un peu plus loin, une petite troupe de cinq samouraïs rentraient d'une longue mission pour le compte de leur seigneur Ishii, parmi eux, Yûsuke Iwasako, second du commandant, qui entendit les pleurs du bébé. Découvrant cet enfant gigotant et en pleurs sur une plage, sans rien pour indiquer son identité, il sut tout de suite que c'était un bébé qu'on avait laissé là pour qu'il y meure, puis y soit emporté par les vagues à marée montante. Lui-même ne pouvant pas avoir d'enfant, il décida de l'emmener avec lui et d'en faire son fils.

Bien qu'il ne soit pas entièrement un enfant du pays, le bébé fut accepté grâce à la détermination de son père d'adoption, qui le présenta à chacun comme son propre fils, n'admettant pas de discussion. Entre ses bras protecteurs, Hiroshi apprit à marcher, à parler, puis s'imprégna très jeune des valeurs de sa famille et de celle de la caste à laquelle il appartenait, dorénavant. Son entraînement débuta dès le plus jeune âge. Les matières théoriques, comme la lecture, l'écriture, la géographie ou l'histoire succédaient à l'entraînement au sabre et à diverses armes blanches, ainsi qu'à l'équitation. Une vie déjà très rigoureuse et codifiée, où chaque mot, chaque geste avait son importance. Le physique comptait tout autant que le mental, et avec les autres enfants des samouraïs, c'était un défi à relever chaque jour, ils devaient sans arrêt repousser leurs limites et se dépasser, jusqu'à l'épuisement, à la fois pour eux-mêmes et pour l'honneur de leurs familles.

Au cours de son adolescence, il eut une période marquée par le découragement et la peur de l'échec. Autant, enfant, la différence ne se voyait pas trop, autant, arrivé à quinze ou seize ans, il était plus visible que sa peau était plus pâle, ses yeux moins bridés et d'un marron clair, ses cheveux tirant sur le châtain, voire le blond au soleil, là où presque toute la population portait les cheveux noirs. Les moqueries et premiers signes de rejets étaient là, lorsqu'il se rendait dans les différents villages ou en villes. Ce fut après une journée où il s'était isolé de longues heures par lassitude des moqueries que son père lui avait remis les points sur les i avec autorité. Il était son fils et le restera, adopté ou pas, ça ne changeait plus rien puisqu'il portait son nom. Et tant que tel, il devait s'en montrer digne, digne de porter ce nom, digne de marcher sur la voie des samouraïs, et surtout il devait honorer sa caste et accomplir son Devoir. Cette mise au point fut dure sur le coup mais eut le mérite de le secouer. Il apprit à passer outre les critiques et, pour rendre fier son père, s'engagea à devenir l'un des meilleurs samouraïs de Chiba.

A l'âge adulte

A ses vingt-deux ans, Hiroshi fut officiellement reconnu comme un samouraï à part entière et suivit dès lors ses camarades en missions et souvent en conflit contre d'autres provinces et seigneurs rivaux, tout comme il lutta contre les criminels et les bandits, les trafiquants, les étrangers venus semer le chaos. Il tenait tant à être reconnu et faire honneur à son nom qu'il devint vite l'accro au travail et à l'entraînement, celui qui ne pensait qu'à ça du matin au soir et du soir au matin. Malgré tout, leur troupe était une communauté très soudée et solide, ils vivaient tous les uns près des autres et ce qui en affectait un touchait tout le monde. Il apprit à connaître personnellement chacun des ces hommes, ainsi que leurs familles, bon nombre étant des amis d'enfance. Cette vie en communauté lui était très agréable, il aimait se sentir entouré, sentir qu'il faisait parti d'un tout. Il avait vingt-cinq lorsque son père lui présenta Ayaka, la fille aînée d'un autre confrère samouraï, qu'il épousa un mois après leurs présentations officielles.

De cette union, Hiroshi eut trois enfants, deux garons et une petite fille, qu'il éleva avec son épouse dans la plus pure tradition de sa caste, tout comme lui-même avait été élevé. Lorsque la famine s'installa, et surtout que les caprices de la nature augmentèrent, la grogne de la population locale enfla en conséquence et il devint vite plus plus ardu et tendu de maintenir le calme. Pour Hiroshi, cette crise alimentaire ne pouvait se régler qu'avec des réformes conséquentes, mais ces réformes se faisaient attendre... Le gouvernement Impérial tentait des mesures, sans grand succès, et durant ce temps, le peuple mourrait de faim. Que pouvaient-ils espérer ? Il priait pour que la situation aille en s'améliorant et que leur propre seigneur agisse.

DERRIERE L'ECRAN